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Média de Avaliação
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Au milieu de ce concert d’éloges, notre avis va sans doute faire tache. L’endroit tout d’abord est sombre, sinistre, on se croirait dans une tombe ou une prison. Dans la salle, 4 tables avec 2 couverts, soit 2 assiettes et 2 gobelets couchés sur le côté. On nous sert un verre de vin blanc en apéritif et passent alors 40 minutes à siroter précautionneusement les 6 cl « généreusement » versés. Pas une cacahuète ou une flûte pour agrémenter et faire passer ce long moment de solitude. Vers 20h00, on nous demande - enfin ! - si nous sommes prêts à commencer, mais nous le sommes depuis une demi-heure au moins ! Arrive alors une succession de mini bouchées ou mini portions perdues au fond d’immenses bols. Tout ou presque est froid ou à peine tiède, comme l’ambiance. Les associations de saveurs sont parfois réussies (boudin/purée/sphères de pomme verte), le plus souvent improbables et incompréhensibles (thon cru/chocolat blanc, crevette dans une restitution de la tarte à l’oignon, framboise/bœuf, le pire étant sans doute l’infâme sachet à déguster avec son contenu au goût de savon) ! Les textures sont répétitives, rien à mâcher ou presque, trop de cryogénisation, des quantités microscopiques qui nous ont laissés sur notre faim en dépit des quelque 15 créations dégustées. Pas de pain, pas de beurre, pas de mignardises ! A un moment donné, on répand sur la table une fumée supposée embaumer le rhododendron. Le serveur a beau pousser la fumée en direction de nos narines, rien, aucune odeur, tout comme le rhododendron d’ailleurs. Le prix des boissons est complètement surfait, à l'instar de celui du repas. Il n’y a que très peu de vins suisses en dessous de fr. 100.—. Celui que nous avons bu a été facturé avec un coefficient de 5 à 6, ce qui est scandaleux quand on pense au travail qu’il y a pour le produire et l’élever. La salle où nous avons mangé, un vendredi soir, peut accueillir 16 personnes. Nous étions 4. L’autre petite salle semblait un peu plus occupée. Pas vraiment surprenant. Pourquoi s’étonner dès lors que les touristes délaissent de plus en plus la Suisse. La cherté du franc constitue peut-être une partie de l’explication, mais quand on soignera l’accueil, que l’on servira avec chaleur une nourriture correcte à un prix correct, le tout sans prise de tête, les choses changeront sûrement.Le service est froid et distant, à l’exception de Madame qui est très accueillante et ouverte aux commentaires. C’est ainsi qu’on apprend qu’il n’y a que 3 personnes en cuisine... Une bonne partie des éléments servis doit de ce fait être préparée bien à l’avance et on ne mange donc que très peu de mets confectionnés et cuits à la minute. Pourquoi, au moment de la réservation, ne nous dit-on pas qu’on ne sert à manger que dès 20h00, soit une fois que le chef a fini son show de cuisine moléculaire ?Last but not least, nous y sommes allés avec un voucher Deindeal. Pour finaliser la réservation, il faut non seulement disposer d’un ordinateur, mais savoir créer un seul fichier PDF avec les 2 vouchers… Téléphoner ? Mais vous n’y pensez pas, ce n’est pas assez tendance ! Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué, à l’image de ces bouchées qui ne sont pas gustativement aussi intéressantes, équilibrées et génératrices de bonheur sensuel que le plat auquel elles sont supposées faire référence. Cette cuisine n’est que le parent pauvre de la véritable cuisine, qu’elle soit bourgeoise, nouvelle, paysanne, fusion ou encore ethnique. Elle ne va sans doute pas faire d’adeptes longtemps encore !